Les étiquettes, ce sont les vêtements de nos aliments: ils les mettent en valeur, en améliorant parfois la réalité… GoodPlanet vous explique, en trois minutes, comment déjouer les pièges de ces bouts de papier !

Ingrédients sains ou poudre de perlimpinpin ?

Ils sont rangés par ordre d’importance, selon le poids qu’ils représentent: les premiers ingrédients sont donc ceux contenus en grande quantité dans l’aliment.

Ils donnent ainsi une indication assez précise de la qualité nutritionnelle du produit: si le premier ingrédient de votre muesli, c’est le sucre, reposez-le !

Ces ingrédients peuvent aussi jouer à cache-cache, et se retrouver dans la liste à plusieurs occasions, sous des noms différents: on trouvera ainsi du sucre blanc à la deuxième place, puis du sirop de fructose un peu plus loin, sirop de riz,..etc

Posez-vous également des questions sur ces ingrédients: les œufs de ces biscuits sont-ils issus d’agriculture biologique, ou d’élevage intensif ? Le lait, est-il entier ou en poudre ? Son origine est-elle précisée, même si la marque semble française ?

Cela vous donnera encore davantage d’indices sur la qualité de ce produit.

Autre indice, et de taille, les additifs. Ils sont utilisés par l’industrie pour améliorer le goût, la texture et la durée de conservation des aliments. Ils sont nommés selon leur catégorie, et suivis de leur symbole européen (E+3 chiffres) ou de leur nom.

Voici la classification des principaux additifs que l’on peut trouver:

  • E100: les colorants – changent la teinte
  • E200: les conservateurs – prolongent la durée de vie
  • E300: les anxiogènes – évitent le brunissement
  • E400: les émulsifiants, stabilisants, épaississants et gélifiants – modifient la texture
  • E500 à E1505: les acidifiants, antiagglomérants, exhausteurs de goûts – exacerbent les saveurs

Si certains sont complètement naturels – comme l’acide citrique (E330), contenu dans la plupart des fruits – d’autres sont soupçonnés d’effets secondaires inquiétants (certains colorants génèrent de l’hyperactivité chez les enfants par exemple): les effets de certains additifs n’étant pas encore connus, mieux vaut faire acte de prudence et privilégier les produits qui en comportent le moins possible.

Soyez également vigilants sur la manière de préparation des produits que vous choisissez: les poêlées de légumes toutes faites cachent souvent des épices de piètre qualité ou même de l’huile de palme, certaines conserves de légumes sont agrémentées de sucre et de sel en trop grande quantité, etc.

Préférez les aides culinaires les plus brutes possibles, et soyez créatifs !

Souvenez-vous que plus la liste est longue et compliquée, plus l’aliment que vous vous apprêtez à acheter a subi des transformations: rien de bon pour votre alimentation.

Nutrition et transformations…

Elles détaillent les apports en énergie et nutriments apportés par cet aliment. Obligatoires pour les denrées préemballées, elles sont souvent regroupées sous la forme dun tableau.  

Ce tableau détaille : 

Les calories.

La quantité d’énergie apportée par les glucides, protéines, lipides de laliment est exprimée en kilocalories (kcal). Lunité internationale officielle étant la kilojoule (kJ), elle est souvent précisée. La convention sexprime ainsi: 1kcal = 4,18kJ. 

Si le nombre de calories est un bon moyen de se représenter lapport en énergie dun aliment, il nest pas représentatif de la qualité nutritionnelle de celui-ci: ne vous arrêtez pas aux chiffres ! Un paquet de fruits secs pourra être plus calorique quune barre chocolatée, mais son interêt nutritionnel bien plus intéressant (les fruits secs sont par exemple riches en fibres, en protéines et en lipides de qualité: on ne peut pas en dire autant des confiseries). 

Chaque personne ayant des besoins différents tout au long de la journée et de la vie, le calcul des calories nest pas forcément pertinent. 

Faites également attention à la portion détaillée: le minimum réglementaire est exprimé par 100g/100mL, ou par portion (2 biscuits), mais on mange rarement 100g de sel ou juste 2 biscuits 

Cela vous permettra de vous rendre compte de la quantité de sucres et graisses contenues dans ce que vous mangez vraiment . 

Les glucides

Il existe deux sortes de glucides: les complexes (contenus dans les légumineuses, féculents,) et les simples (glucose, fructose contenus dans les fruits, le sucre blanc,). Cest la petite ligne du dessous qui est intéressante: « dont sucres ». Celle-ci comptabilise les sucres simples, sans distinguer sil sagit de sucre ajouté ou bien naturellement présent: sil est difficile de distinguer la part de sucre ajouté, cest un bon moyen de déterminer la part de sucre contenue dans le produit, et sa légitimité (si cette ligne apparaît dans un produit salé par exemple). Par contre, la mention « sans sucre ajouté » garantit que le produit na reçu aucun ajout de sucre lors de sa fabrication, mais quil en contient naturellement (jus de fruit, compote,.). Chaque ingrédient se terminant par -ose est une forme de sucre: un bon moyen de débusquer saccharose, glucose, ou fructose ajouté ! Un produit dit « sans sucre » ne contient pas plus de 0,5g de sucre blanc pour 100g, et un produit « allégé en sucres » contient moins de 30% de sucre que les produits similaires. 

Les fibres

Nos régimes alimentaires manquent cruellement de fibres. Apportées en grande quantité par les fruits, les légumes ou encore les céréales, elles supportent notre microbiote et apportent une sensation de satiété. Un aliment est « source de fibres » lorsquil en contient au moins 3g (pour 100g), au-dessus de 6g on parle daliment « riche en fibres » 

Les protéines

Sources dacides aminés essentiels pour le corps, les protéines sont indispensables dans notre alimentation. Lessor dune alimentation plus végétale a fait fleurir les mentions fantaisistes sur de nombreux produits transformés sensés apporter protéines, muscles et retour de l’être aimé… On parlera daliment « riche en protéines » seulement si celles-ci représentent 20% de sa valeur énergétique. Il faut que celles-ci atteignent au minimum 12% pour quun aliment soit dit « source de protéines ».  

 

nutriscore les étiquettes alimentation carre
Nutriscore vert, moins de sucre… mais un produit pas si vertueux

Ces indications nutritionnelles se retrouvent dans un autre indicatif: le Nutriscore. Conçu dans le cadre du programme National Nutrition Santé du gouvernement, le Nutriscore classe par échelons alphabétiques les aliments les plus favorables (classé A) aux moins favorables (classé E). Cette classification s’appuie sur les informations nutritionnelles du produit, selon la teneur en grammes des nutriments à favoriser (fibres, protéines, fruits, légumes) et ceux à éviter (acides gras saturés, sel, sucre,..).

L’application du Nutriscore sur un aliment est facultative et repose sur le volontariat des entreprises agro-alimentaires et des distributeurs. Elle ne concerne pas les produits non transformés (fruits, légumes, poisson frais non transformés et boissons alcoolisées).

Si le signe A du Nutriscore peut être synonyme de qualité nutritionnelle, ce n’est pas toujours le cas. De nombreux aliments que l’on appelle « ultra-transformés » peuvent en effet l’apposer.

On parle d’aliments « ultra-transformés » lorsque ceux-ci ont été concoctés à partir de matières chimiques et ayant subit de multiples transformations, ont une qualité nutritionnelle presque inexistante.

L’application indépendante Open Food Fact regroupe toutes ces informations: la liste des ingrédients, les informations nutritionnelles, le Nutriscore, mais aussi les additifs et leur degré de nocivité, ainsi que les indices Siga et Nova.

L’indice Nova vous renseigne sur le degré de transformation des aliments. Plus celui-ci est élevé (de 1 à 4), plus le plat que vous vous apprêtez à déguster à été modifié, fractionné, Dans la catégorie 1, on retrouve les champignons, les épices, les céréales brutes, noix, café,… Pas ou peu transformés, ils peuvent avoir été soumis à un ou plusieurs traitements (fermentation du lait pour la yaourt ou torréfaction des grains de café) mais ceux-ci ne modifient pas intrinsèquement leurs propriétés nutritionnelles.

Le vinaigre, la fécule de maïs, le sucre, le beurre sont en catégorie 2, ayant subit diverses transformations physiques ou chimiques en vue de leur utilisation.

On retrouve en catégorie 3 les aliments transformés comme le cidre ou le vin, constitués d’un ou deux ingrédients, dans le but d’optimiser leur goût, durée de vie, et résistance aux microbes.

quel groupe se cache derrière les marques industrie agro alimentaire
quel groupe se cache derrière les marques industrie agro alimentaire - copyright convergencealimentaire.info

L’ensemble des biscuits, pâte à tartiner, plats préparés, bonbons sont rangés en quatrième position, constitués d’un ensemble d’ingrédients isolés sans équivalents domestiques (huiles hydrogénées, protéines de lait en poudre, additifs,..) reconstitués à l’aide de processus industriels complexes. L’indice Siga est davantage nuancé, en parlant d’aliments transformés « équilibrés » ou « ultra-transformés à limiter », à travers 7 échelons.

Ces aliments « ultra-transformés » ont, sur le long terme un effet néfaste sur la santé: ils n’apportent que peu de nutriments, et leur fabrication n’est vertueuse ni pour les hommes, ni pour la terre. Consommez-les avec parcimonie.

Les labels: de vraies médailles d’or ou de chocolat ?

les labels alimenatires francais et europeens - carre les étiquettes alimentaires
Les labels instaurés par l’INAO sont appelés les SIQO, Signes Officiels d’Identification de la Qualité et de l’Origine.

Les labels garantissent la provenance d’un produit alimentaire: il en existe plusieurs catégories.

Certains labels ou appellations sont basés sur des vrais cahiers des charges et élaborés par des institutions publiques.

Par exemple, il existe plusieurs sortes d’appellations: ce sont des labels dits de terroirs.

  • L’Appellation d’Origine Protégée (AOP) garantit un produit élaboré et transformé dans une zone géographique déterminée. C’est une appellation européenne.
  • L’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) est son pendant français: on parle ainsi de noix du Périgord, de châtaigne d’Ardèche, de lentille verte du Puy,… Un produit estampillé AOC peut obtenir un AOP.
  • L’Indication Géographique Protégée (IGP) distingue un produit dont les caractéristiques sont liées au lieu géographique de sa fabrication, et à un savoir-faire particulier: raclette de Savoie, asperges du Blayais, jambon de Bayonne… C’est un signe européen.
  • La Spécialité Traditionnelle Garantie (STG) vient protéger un produit ayant une recette particulière, avec des ingrédients, une recette ou des méthodes de fabrication issues de traditions. C’est également un signe européen.

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Certains labels, assez reconnaissables, sont gérés différemment selon la nature de leur commanditaire (État ou marque privée) :

  • Le Label Rouge, lui, est un label uniquement français. Les produits qui l’apposent ont un niveau de qualité supérieur, leurs conditions de production ou fabrication suivant un cahier des charges précis, déterminé par l’Institut National de l’Origine et la Qualité (INAO).
    Par leurs conditions rigoureuses d’élevage, de production ou de fabrication, ces produits ont un niveau de qualité supérieur aux autres produits similaires commercialisés.
    Par exemple, un poulet Label Rouge est élevé dans un bâtiment éclairé à la lumière naturelle, et nourri à 75% de céréales.
  • Le label Bleu Blanc Cœur est quant à lui porté par une association privée. Celle-ci a défini un cahier des charges précis, afin de garantir sur certains produits (produits laitiers, œufs, viande, pain…) un apport nutritionnel plus intéressant, notamment en oméga 3. Les agriculteurs et producteurs s’engagent par exemple à fournir une alimentation riche en lin, luzerne et herbe à leur élevage, garantissant ainsi des apports en nutriments plus importants.
    Même s’il est reconnu par le Ministère de l’Agriculture et l’Environnement, ce n’est pas un label officiel.
  • L’Eurofeuille, symbole du label bio, est également gage de qualité. Cependant, il existe bio et bio : à chacun d’être vigilant et de faire preuve de bon sens face aux produits bio venus de l’autre côté de la planète ou purs produits de la mer de plastique espagnole.

Pour aller plus loin, retrouvez notre article sur les labels Bio : 3 minutes pour comprendre les labels Bio

Plutôt que des certifications, fiez-vous aux bonnes pratiques commises d’un bout à l’autre de la chaîne : interrogez votre marchand de fruits et légumes sur ses producteurs et les méthodes utilisées, renseignez-vous sur l’origine des aliments préparés que vous achetez et le circuit emprunté par ceux pour parvenir jusqu’à vous… Les aliments les plus naturels n’ont pas besoin de labels !

D’autres allégations sont parfois mentionnées: celles-ci font également l’objet d’une règlementation précise.

  • Un produit dit « naturel » doit être issu directement de la nature, et n’a subi qu’une pasteurisation ou un refroidissement.
  • Un aliment « maison » est impérativement fabriqué sur le lieu de vente, tandis qu’un produit « artisanal » est élaboré par un artisan inscrit au répertoire des métiers.
  • Les aliments « du terroir » sont cuisinés à partir de matières premières issues d’une aire géographique restreinte, tandis que les produits « à l’ancienne ou traditionnel » sont fabriqués selon des usages anciens répertoriés, sans additifs.
  • Les mentions telles que « Saveur de l’année » ou « Produit de l’année » n’ont aucune valeur officielle : les marques qui les apposent payent pour participer au concours, organisé par des sociétés privées, les produits sont soumis à des dégustations par des échantillons de consommateurs, puis les marques payent à nouveau pour pouvoir apposer la médaille qu’ils reçoivent. Le choix des « élus » se fait sans cahier des charges, ni précisions ou contraintes sur les recettes, les matières premières, la fabrication… 

Certaines sont de véritables atouts marketing pour vous faire succomber: sachez faire la part des choses ! 

6 conseils

  1. Liste d’ingrédients à rallonge, qui n’ont pas lieu d’être, noms compliqués ? On repose !
  2. Posez-vous des questions: d’ou viennent les légumes de cette conserve ? Le lait de ce yaourt ? Pourquoi n’y a-t-il pas de précisions sur les fruits utilisés pour ce dessert ?
  3. Fiez-vous aux labels officiels reposants sur de vrais cahiers des charges
  4. Téléchargez l’application Buy or Not, pour savoir quelle entreprise vous soutenez en achetant ces produits
  5. Réfléchissez à ce que vous auriez mis dans ce plat si vous aviez dû le faire vous-même
  6. Privilégiez les aliments préparés de la manière la plus brute possible