Nous sommes de plus en plus préoccupés par le contenu de nos assiettes. Manger sain et durable devient un sujet de réflexion et de conversation de plus en plus prisé et les émissions de télévision pour faire de nous de vrais chefs à domicile se multiplient ! Selon un récent sondage , réalisé par le HuffPost et l’institut YouGov, 83% des personnes interrogées se déclarent prêtes à « faire des efforts pour diminuer l’impact environnemental de leur assiette ». Et pour cause ! 1/3 des émissions de gaz à effet de serre, à l’origine des changements climatiques, sont dus à nos habitudes alimentaires.

Alors comment faire ? Si le bio est dans toutes les têtes, nous sommes parfois moins vigilants sur l’origine de nos produits… Bananes de République Dominicaine, raisin italien, avocats du Pérou, il nous est devenu naturel de voyager dans le monde entier lorsque nous faisons nos courses. Le périple est long, très long, pour que certains aliments arrivent jusque dans notre assiette : récolte, transport, stockage, vente en grande distribution, trajet jusqu’au domicile… Pourtant, il existe aussi d’autres façons de se nourrir… en circuits courts !

Aujourd’hui, 3 minutes pour comprendre ce qui se cache derrière les circuits courts, de plus en plus utilisés mais parfois mal compris. Qu’est-ce qu’un circuit court alimentaire ? Quels sont les bienfaits de ce mode de consommation ? Et surtout, quelles sont les astuces et bonnes adresses à connaitre pour devenir locavore ?

Les circuits courts, qu’est-ce que c’est ?

Manger en circuit court signifie choisir des produits alimentaires selon deux critères : la proximité géographique et le faible nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Cela peut prendre des formes très variées : acheter directement ses produits à la ferme, faire partie d’une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) ou encore faire ses courses dans un magasin de producteurs. Ce mode de commercialisation se différencie des circuits longs qui incluent le plus souvent la vente des produits en supermarchés et hypermarchés.

Les circuits courts existent depuis très longtemps, ils étaient même la norme depuis l’Antiquité et ce jusqu’à une période très récente. Cela a changé avec la croissance des villes, qui a éloigné de plus en plus les espaces de production agricole et les consommateurs et a été accentué par le progrès des transports et l’internationalisation des échanges. Aujourd’hui, la vente en circuits courts reste encore très minoritaire en France puisqu’elle ne représente que 10% des achats alimentaires.

Cependant, depuis quelques années, la tendance s’inverse et les citoyens sont de plus en plus nombreux à souhaiter manger local !

Pourquoi privilégier les circuits courts ?

Une semencière qui présente des variétés de légumes.

Manger local est fréquemment présenté comme l’une des solutions à la crise écologique. Aussi simple que cela ? Pas vraiment. Consommer des produits cultivés localement (on retient souvent le critère du rayon de 150 kilomètres) permet bien sûr de limiter l’impact environnemental des transports. Mais celui-ci ne pèse pas si lourd sur l’empreinte carbone totale des produits : 17%[1] seulement contre plus de 50% pour le mode de production (utilisation de pesticides et d’engrais, travail du sol…).

Néanmoins, favoriser les productions locales peut avoir de nombreux avantages pour la planète ! En effet, une étude[2] a mis en lumière que les modes de production à plus-value environnementale (agriculture biologique, agroécologie, pratiques en faveur du retour de la biodiversité dans les champs) étaient surreprésentés parmi les exploitations mobilisant les circuits courts, et un tiers des agriculteurs interrogés soutiennent que vendre avec peu, ou plus, d’intermédiaires a eu une influence bénéfique sur leurs pratiques. Très souvent, la quantité d’emballages et le gaspillage alimentaire s’en trouvent également réduits, les distances à parcourir du champ à l’assiette étant bien moins importantes !

Par ailleurs, les défenseurs des circuits courts mettent en avant les bénéfices en matière d’autonomie alimentaire. Qu’est-ce que cela signifie ? Actuellement, notre système alimentaire est loin de favoriser l’autonomie des villes : celles-ci auraient en moyenne 2% d’autonomie[3] seulement ! Cela signifie donc que 98% de ce que nous mangeons à l’échelle d’un territoire, ou bassin de vie, est importé, et 98% de ce qui est produit est exporté. Pas très logique, si ?
Soutenir l’installation de paysans autour des villes en s’approvisionnant chez eux permettrait ainsi d’être plus autonomes et plus résilients en cas de choc climatique ou de crise rendant plus difficiles les échanges et les déplacements.

Manger local a donc bien des avantages, notamment pour les agriculteurs qui peuvent, une fois les débouchés trouvés, voir leurs revenus augmenter et leur travail valorisé par le contact avec les consommateurs. Pour ces derniers, c’est la garantie d’une plus grande transparence et d’une relation privilégiée avec les producteurs. Toujours plus agréable de savoir ce que l’on met réellement dans notre assiette, non ?

  • [1] Les Greniers d’Abondance (2020) Vers la résilience alimentaire. Faire face aux menaces globales à l’échelle des territoires. Première édition, 175 pages.
  • [2] Fiche de synthèse, RMT Alimentation locale (2016), Des circuits courts aux chaînes alimentaires courtes de proximité : quels impacts ? quels enjeux ?
  • [3] Utopies (2017), Note de position, Autonomie alimentaire des villes, Etat des lieux et enjeux pour la filière agroalimentaire française, 16 pages.

continuons de nous mobiliser pour une transition écologique juste et solidaire

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Alors comment faire ?

jardiniers agriculture urbaine circuit court
©Fondation GoodPlanet

Vous avez très envie de manger plus local, mais ne savez pas où vous approvisionner ? Voici quelques bonnes adresses en circuits courts pour trouver des produits de qualité :

  • S’inscrire dans une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) : on en trouve désormais des milliers en France. Le principe : des consommateurs s’associent au sein d’une AMAP et s’engagent à acheter la production d’un ou plusieurs agriculteurs. Les consommateurs ont accès à un panier par semaine de produits variés !
  • Bienvenue à la ferme : plus de 8 000 producteurs partout en France que vous pouvez localiser pour « manger fermier » mais dont vous pouvez également visiter les exploitations.
  • La Ruche qui dit oui : il existe aujourd’hui 1500 ruches et plus de 10 000 producteurs qui les approvisionnent.
  • Openfood : une plateforme coopérative (gouvernée par ses utilisateurs) qui recense les producteurs passant par les circuits courts dans toute la France.
  • Pour de bon : un site web permettant de commander en ligne et se faire livrer des produits en circuits courts.
  • Solidarité producteurs locaux : Pour connaitre les producteurs en circuits courts actifs pendant la crise sanitaire du COVID-19

Et à Paris ?

  • Les magasins d’Au bout du champ  : 8 magasins à Paris qui proposent de délicieux produits récoltés le matin même à moins de 150 kilomètres du point de vente
  • A l’ancienne propose un service de livraison de produits biologiques et locaux cultivés dans des fermes en agroécologie
  • Kelbongoo : plateforme de commande en ligne de produits fermiers, livrés ensuite dans un point de vente de votre choix, directement de Picardie
  • Poiscaille : la « version marine du panier de légumes » en circuit court !
  • Terroirs d’avenir : 4 magasins à Paris pour s’approvisionner en produits de qualité français (mais également italiens et espagnols)

Pour aller plus loin :