Pour accompagner un bain, pour se relaxer, pour créer une ambiance tamisée ou tout simplement pour masquer une odeur désagréable, on utilise parfois (ou souvent) des bougies parfumées.

Mais si on se penche sur la liste des composants des ces petits objets colorés qui sentent bon, on s’aperçoit qu’ils pourraient faire plus de mal que de bien…

Des cires, des bougies

Il s’agit de l’ingrédient principal d’une bougie. Le mot « cire » est un terme générique qui recouvre plusieurs matières qui peuvent être d’origine minérale, animale ou végétale.

La plupart des bougies du marché sont réalisées en partie ou totalement avec de la paraffine malléable et bon marché, une cire minérale obtenue à partir du pétrole et qui est blanchie, désodorisée puis purifiée à l’aide de nombreux processus et substances chimiques qui se retrouvent plus ou moins sous forme de résidus dans le produit final.

Lorsqu’elles brûlent, les cires à base de paraffine libèrent des molécules irritantes pour les yeux et les voies respiratoire mais aussi des composés organiques volatiles (COV) toxiques notamment l’acétone, le benzène et le toluène, des substances cancérigènes connues.

Jadis on utilisait la graisse de bœuf ou de mouton (le suif) pour faire les chandelles. Aujourd’hui, la cire animale la plus utilisée dans la fabrication de bougies parfumées est la cire d’abeille. Il s’agit d’un produit naturel facile à travailler pour l’artisan mais il induit souvent une surexploitation des abeilles qui sont incitées à produire plus de cire qu’elles ne le feraient en temps normal. Son usage implique lui aussi de recourir à des traitements chimiques dont les résidus se retrouvent dans les bougies (davantage même que dans le miel) notamment en Chine qui, étant le plus grand exportateur mondial de produits apicoles, fournit la majeure partie de la cire d’abeille du marché mondial.

On trouve maintenant de plus en plus de bougies à base de cire végétale. La plus connue et la plus utilisée est la cire de soja. Il s’agit plus précisément d’huile de soja hydrogénée, qui reste naturelle et biodégradable. Cependant, son utilisation reste très controversée, en raison des dégâts écologiques que sa culture intensive provoque ainsi que de l’utilisation du soja OGM. Pour les mêmes raisons, l’usage de la cire de palme (huile de palme hydrogénée) est tout aussi contestable. La cire de colza est à ce jour la meilleure option. L’empreinte carbone du colza est en effet moindre car il est principalement cultivé en Europe et nécessite donc moins de transport. Malheureusement, elle est plus difficile à travailler pour l’artisan, plus onéreuse et des processus industriels restent incontournables pour l’hydrogéner elle aussi.

La mèche des bougies

Elle est très importante car c’est elle qui permet d’amener la cire à la flamme. De nombreuses bougies ont des mèches en coton enroulées sur un fil en métal (une « âme métallique ») pour empêcher la mèche de tomber dans la cire. Dans le passé, le métal le plus utilisé pour les mèches était le plomb. La commission américaine sur la sécurité des produits de consommation a reconnu la nocivité des bougies à mèche en plomb particulièrement pour les enfants et les femmes enceintes et en a interdit la fabrication et la vente en 2003. Malgré la toxicité avérée des particules et vapeurs de plomb qui se dégagent lors de la combustion, tous les pays n’ont pas cette exigence et on trouve toujours sur le marché des mèches avec âme en plomb ou support de mèche en plomb. Et si le zinc et l’étain sont souvent utilisés en remplacement, des études ont montré que toutes les mèches à noyau métallique libèrent des traces de métaux lourds dans l’air lorsqu’elles sont brûlées.

Le coton utilisé pour les mèches est généralement du coton conventionnel, très impactant pour l’environnement de par sa culture et sa transformation.

Préférez donc une mèche tressée en coton certifié bio, lin ou chanvre sans âme métallique ou encore avec une âme en papier, qui sont toutes plus sûres et plus écologiques !

Des parfums et des couleurs

Côté fragrances, les bougies parfumées le sont pour la plupart grâce à un parfum de synthèse. Les fragrances synthétiques peuvent présenter des risques immédiats et à long terme pour la santé. Jusqu’à 95 % des produits chimiques qui entrent dans la composition des fragrances sont des composés synthétiques dérivés du pétrole. La liste des produits qui composent ces parfums est très longue. On peut en citer quelques-uns parmi les plus problématiques pour la santé : les phtalates, les muscs synthétiques, les aldéhydes, les dérivés du benzène, tous reconnus comme cancérigènes et/ou perturbateurs endocriniens. Mais aussi des produits allergisants, irritants pour les voies respiratoires, etc.

Attention au marketing : beaucoup de marques revendiquent des senteurs aux parfums de Grasse, qui n’en sont pas moins des parfums synthétiques.

Dans les bougies dites naturelles ce sont les huiles essentielles qui confèrent aux bougies leur parfum. Pourtant ces huiles, bien que naturelles et parfois bio, ne sont pas idéales à la diffusion de parfum par les bougies car certaines dégagent elles aussi lors de la combustion des CMR (agents chimiques ayant des effets Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques). En septembre 2008 un article publié dans la revue Que choisir mentionne que :

“Brulées les huiles essentielles sont très polluantes : […] On trouve dans le cocktail de polluants émis du formaldéhyde et du benzène, deux cancérigènes certains, à des niveaux faibles mais néanmoins inadmissibles compte tenu de leur nocivité. Ces huiles émettent aussi de l’acétaldéhyde et du toluène, du limonène…” Ces produits sont connus pour aggraver ou provoquer l’asthme.

Finalement lorsqu’on les brûle, les huiles essentielles sont aussi nocives que les parfums de synthèse. Elles perdent même leurs propriétés bénéfiques d’aromathérapie souvent mises en avant par le fabricant des bougies. Il n’y a malheureusement pas d’alternative 100% saine et écologique sur le seul sujet du parfum des bougies.

Comme pour les parfums, les couleurs des bougies sont obtenues grâce à des colorants chimiques, pour la plupart nocifs pour le consommateur et pour l’environnement. Rares sont les artisans qui utilisent la teinture végétale pour colorer la cire. Ce serait pourtant la solution à privilégier.

Quoiqu’il en soit et indépendamment des produits utilisés, qu’il s’agisse de brûler des éléments synthétiques ou naturels comme des feuilles mortes, toute combustion produit des substances irritantes voire toxiques. Dans son étude EBENE l’ADEME souligne que “Les désodorisants d’intérieur à combustion, notamment les encens et les bougies parfumées, sont identifiés comme des sources parfois significatives de polluants gazeux et particulaires dans l’air intérieur… Certains désodorisants combustibles ont généré des expositions de court terme dépassant les valeurs sanitaires retenues”

Alors que faire ?

De toute évidence, il n‘existe pas de bougie parfumée qui soit pleinement satisfaisante sur le plan écologique.

Et si vraiment vous y tenez, lisez bien la liste des composants, limitez son utilisation dans le temps, coupez la mèche brulée avant réutilisation, arrêtez la combustion si une fumée visible se dégage et surtout “aérez la pièce après l’utilisation, pendant au moins 10 minutes, par une ouverture sur l’extérieur », conseille l’Ademe. Au risque, effectivement de voir s’envoler la bonne odeur tant recherchée !

Mais des solutions existent pour un intérieur tamisé et parfumé :

Des lampes de faible intensité et à basse consommation pourront vous offrir cette ambiance tamisée recherchée, et elles consomment moins d’énergie qu’il n’en faut pour la fabrication d’une bougie jetable.

Pour parfumer une pièce diffusez des huiles essentielles à froid. Diluées dans l’eau du bain elles aident également à la détente*.

Créez du pot-pourri. Les articles séchés tels que les fleurs, les baies, les écorces de fruits, les copeaux de bois et les épices peuvent être placés dans des bols ou des sacs en tissu et parfumer tous les coins de la maison.

Faites bouillir ou chauffer au four à basse température des épices. Une bonne odeur se dégagera dans toute la maison.

 

* pour utiliser les huiles essentielles sans danger, il faut bien respecter les quantités et les conseils d’utilisation.

 

Références

https://www.ilo.org/dyn/icsc/showcard.display?p_lang=fr&p_card_id=1457&p_version=2

https://reptox.cnesst.gouv.qc.ca/pages/fiche-complete.aspx?no_produit=4689

https://www.cancer-environnement.fr/248-Benzene.ce.aspx

https://www.ademe.fr/ebene-exposition-polluants-emis-bougies-encens-environnements-interieurs

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