Face à l’urgence climatique à laquelle nous faisant face, il est indéniable que la prise de conscience des enjeux environnementaux a fait un bond important ces dernières années. Un rapport publié par l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie) en 2019, met en lumière « qu’entre 8 et 9 Français sur 10 se déclarent sensibles ou très sensibles à l’environnement. Parmi les différentes préoccupations environnementales, le changement climatique conserve sa première place en 2018 (22 %), à égalité, pour la première fois, avec la dégradation de la faune et de la flore ».

Concrètement ces préoccupations se traduisent par la réalisation d‘éco-gestes, ces actions individuelles qui permettent, au quotidien, de diminuer notre impact sur l’environnement et ainsi réduire notre empreinte carbone. Néanmoins la question qui revient sans cesse dans les débats est de savoir qui doit agir et comment ? Aujourd’hui l’empreinte carbone moyenne des Français est comprise entre 11 et 12 tonnes de Co2 par an. Afin d’être compatible avec l’Accord de Paris et maintenir le réchauffement climatique sous le seuil des 2°, nous devons réduire nos émissions de gaz à effet de serre pour parvenir, en 2050, à 2 tonnes de Co2 émis par an et par habitant. Cela correspond à une baisse d’environ 80%.

Face à l’ampleur et l’urgence du problème, nombreux sont ceux qui pensent que les éco-gestes ne suffiront pas à sauver le climat. Ainsi dans quelle mesure la réalisation d’éco-gestes à l’échelle individuelle peut-elle contribuer à cet objectif ambitieux ?

Face à ce sujet parfois clivant, la Fondation GoodPlanet vous aide à y voir plus clair.

Les éco-gestes peuvent réduire notre empreinte carbone jusqu'à 25%

Contrairement à l’avis des plus sceptiques les écogestes ne servent pas à rien, loin de là !

Distinguons déjà les « petits écogestes » de ceux à plus fort impact. Adopter un régime végétarien, bannir l’avion ou acheter des vêtements de seconde main sont des gestes du quotidien à l’impact plus fort que d’éteindre la lumière en sortant de la salle, adopter la gourde ou couper l’eau en se lavant les dents.

Une étude réalisée par Carbone 4, cabinet de conseil indépendant spécialisé sur la transition énergétique, met en évidence qu’un français au comportement « héroïque » parviendrait à réduire son empreinte carbone de 25%. Par « héroïque », on entend ici une implication très forte des citoyens dans la réalisation d’éco-gestes au quotidien.

Publication Carbone 4 – Faire sa part

À noter que cette étude se base sur une dizaine d’actions individuelles, revenant fréquemment dans le discours commun. Cette liste mêle équitablement « petits gestes » et changements de comportement plus significatifs, nécessitant aucun investissement préalable. Néanmoins l’étude n’a pas la prétention de lister des actions de manière exhaustive.  D’autres actions comme bannir la voiture ou acheter que d’occasion sont autant d’actions qui contribuent à réduire drastiquement son empreinte carbone.

L’impact de l’action individuelle n’est donc pas négligeable, à condition de ne pas se limiter aux gestes simples, à l’impact trop léger. L’action de passer d’un régime carné à un régime végétarien réduit à elle seule de 10% l’empreinte carbone d’un français. Mais force est de constater que même un comportement très ambitieux ne permet pas une baisse suffisante pour respecter l’objectif fixé par l’Accord de Paris.

Pour que le résultat d’éco-gestes soit plus impactant, il est indispensable qu’il soit accompagné d’actions réalisées à d’autres échelles. 

Une responsabilité collective

Malgré un comportement idéal, comment expliquer que l’impact d’éco-gestes ne soit pas suffisant ?

La première explication revient à dire que l’enjeu climatique est systémique, c’est-à-dire qu’il dépasse largement la sphère individuelle. Aujourd’hui, nos actions sont limitées car nous sommes dépendants du monde qui nous entoure. Malgré toutes les bonnes volontés et la réalisation d’écogestes les plus significatifs, nous nous butons à un système basé sur l’utilisation d’énergies fossiles, très énergivores.

Prenons le cas des transports par exemple. Selon l’ADEME, ce secteur est responsable, à lui seul, de 30% des émissions de gaz à effet de serre en France. Ainsi vendre sa voiture individuelle pour privilégier la co-voiturage ou les transports en commun semble être, sur le papier, une action pertinente. Néanmoins ces gestes ne supprimeront pas notre dépendance à un système de transports fonctionnant sur la base d’énergies carbonée comme le diesel, l’essence ou le kérosène. Sans une mutation profonde des équipements que nous utilisons, aucune baisse significative de l’empreinte ne pourra être atteinte. La puissance publique doit donc elle aussi faire sa part en contribuant à décarboner le système et ainsi investir dans la rénovation de ses services (logement, santé, éducation, défense etc.).

Face à ce constat, le responsabilité doit être partagée. Pour arriver aux objectifs de l’Accord de Paris, il semble impératif que le collectif, l’État et les entreprises, endossent leurs responsabilités et participent à l’effort à fournir. L’autre moitié doit être assumée par le comportement exemplaire des Français, couplée par des investissements de fond permettant de réduire encore plus leur empreinte carbone.

Publication Carbone 4 – Faire sa part

Néanmoins partant du principe que cette exemplarité ne soit pas acceptée par tous, un autre ratio est présenté, plus réaliste : les ¾ des efforts doivent être assumés par l’État et les entreprises contre 1/3 par les individus dû à une acceptation modérée des changements de comportements.

Pour que les actions individuelles puissent aller plus loin, il est impératif et nécessaire d’agir sur les leviers plus collectifs. Effectivement les actions à fort impact ne pourront être efficaces que grâce à l’aide de l’État comme par exemple la rénovation thermique des logements. À ce titre, selon l’ADEME, chauffer un logement mal isolé, type Classe E revient à émettre 2 tonnes de Co2 à l’année, générées par les consommations énergétiques (chauffage, eau chaude, électricité). À l’inverse, chauffer un logement bien isolé, type classe A revient à émettre 0,2 tonnes de Co2 à l’année.

Ainsi, subventionner la rénovation thermique des logements permettrait de réduire de 10% l’empreinte carbone des Français. La responsabilité de l’Etat est donc d’édicter des règles et de mettre en place des incitations fiscales pour encourager le changement individuelle vers une sobriété carbone. 

Se regrouper pour faire porter sa voix

Alors comment faire pour inciter le collectif à prendre ses responsabilités face à l’urgence climatique ? Si tout seul on ne peut pas changer la loi française, partout en France des groupes s’organisent pour mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il tienne enfin ses engagements climatiques.

C’est le cas de l’Affaire du Siècle, une campagne de justice climatique en France initiée par 4 associations en décembre 2018, visant à poursuivre en justice l’État pour son inaction en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Malgré le soutien viral de 2,3 millions de citoyen.nes, l’État s’est fortement opposé aux arguments déposés contre lui. En novembre 2020, le Conseil d’État a néanmoins rendu une décision historique pour la lutte contre la crise climatique : il a mis l’État face à ses responsabilités en considérant que les objectifs de réduction étaient trop contraignants vis-à-vis des mesures déjà établies. En outre, il lui a laissé 3 mois pour montrer que les moyens mis en place sont suffisants afin d’atteindre son objectif de réduire de 40% ses émissions d’ici 2030.

En Février 2021, le tribunal administratif a rendu son jugement définitif : il reconnait la responsabilité de l’État français dans la crise climatique, juge illégal le non-respect de ses engagements et le juge responsable de préjudice écologique.

À l’instar de la Convention Citoyenne pour le Climat, où 150 citoyen.nes tirés au sort ont été mandaté pour définir une série de mesures permettant d’atteindre ces objectifs, le gouvernement n’est encore pas à la hauteur de ses engagements. Le projet de loi « Climat et résilience » inspiré des 150 propositions imaginées par les participants semble présenter « des lacunes, tant sur ses ambitions que sur la méthodologie proposée pour les mettre en place« , prévient le Haut Conseil pour le Climat. Ce dimanche 28 février 2021, les 150 participants ont, une dernière fois, été invité à noter le projet de loi et le moins que l’on puisse dire est que la note est salée ! Avec des appréciations de 1 à 10, le résultat est médiocre : les notes oscillent de 3 à 6/10 selon les thèmes, à la hauteur de leur déception …

 

Le combat est loin d’être fini mais ces initiatives citoyennes ont le mérite de mettre en lumière le manquement de l’État vis-à-vis de ses engagements climatiques. Le chemin est long mais il ne se fera pas sans l’investissement quotidien des citoyen.nes. Les changements de comportements sont indispensables pour arriver aux objectifs de l’Accord de Paris, mais c’est sans compter le pouvoir d’influencer nos dirigeants pour qu’ils prennent enfin leurs responsabilités. Rappelons que la grande majorité de l’effort doit être assumé par le collectif alors continuons nos actions, aussi minimes soit-elles, et sollicitons les personnes concernées pour faire évoluer les choses.