Qu’est-ce que la fast fashion et pourquoi faudrait-il y trouver une alternative ?

La fast fashion, c’est l’ensemble de ces marques qui sortent des collections toutes les deux semaines à bas prix, des collections de vêtements très tendance qui ne le seront probablement plus un mois après leur vente. Le secteur de la mode est l’un de ceux qui émettent le plus de gaz à effet de serre, rien que le processus de fabrication des matières premières produirait 1,2 milliards de tonnes de GES selon une estimation de l’ADEME, sans compter le transport entre les différentes étapes. Une des projections de l’ADEME prévoit que si les tendances de consommation ne changent pas d’ici 2050, le secteur textile serait à l’origine de 26% des émissions de GES.

Toutes les étapes de la chaîne de production posent problème : les matières utilisées et leur confection, les conditions humaines et environnementales de production des vêtements, leur transport, et même leur vente. Par exemple, le polyester est la matière que l’on retrouve le plus dans nos vêtements (en première place selon l’ADEME, avec une production de 39,7 milliards de tonnes en 2015), alors que celui-ci est un désastre écologique : en 2015, la production mondiale de polyester pour le secteur textile a émis 706 milliards de KG de gaz à effet de serre, autant que 185 centrales au charbon.

fast fashion

Le secteur du textile est aussi l’un des plus grands pollueurs d’eau propre après l’agriculture, 20% des eaux polluées le sont à cause des teintures et traitements textiles nécessitant l’utilisation de produits chimiques toxiques.

Mais la fast fashion attire, avec des collections toujours à la pointe de la mode et aux prix les plus bas, il est difficile de résister. Mais comment comprendre les prix bas de la fast fashion ? Comment un t-shirt peut-il ne coûter que 10€ ? Ce prix résulte d’une concurrence sans merci menée entre différents acteurs à chaque niveau de la production : qui produira la matière la moins chère ? Qui proposera la main d’œuvre la plus accessible pour confectionner le vêtement ? Quel moyen de transport est le moins cher ? Pour obtenir la commande, les fournisseurs sont obligés de baisser leurs prix au maximum afin de faire face à la concurrence, risquant la faillite, alors que les grandes enseignes gagnent des dizaines de milliards de dollars par an (en 2017, la marque Zara a fait un chiffre d’affaires de 18,9 milliards de dollars). Cela veut dire une matière de piètre qualité, produite rapidement avec des traitements chimiques, une main d’œuvre qui ne gagne pas assez pour vivre décemment, ou encore l’utilisation du moyen de transport le plus polluant qui soit, l’avion.

Les marques de la fast fashion ne coûtent pas cher mais elles ont un coût environnemental et humain qui n’est pas négligeable. Alors comment éviter la fast fashion et consommer autrement ?
La demande d’une mode plus écologique est en pleine expansion : selon une étude de l’Institut Français de la Mode, 45% des français ont acheté un article de mode responsable en 2019, et 38% ont acheté un article de seconde main. Le moteur de ces achats de seconde main est principalement l’argument écologique et la non-utilisation de produits chimiques lors du traitement des vêtements.

Qu’est-ce que la mode responsable et pourquoi est-elle nécessaire ?

La mode responsable c’est se rendre compte de l’impact de sa consommation et décider d’acheter en ayant conscience des enjeux et trouver des alternatives plus écologiques et solidaires. On va alors chercher des alternatives en se fiant aux étiquettes et aux labels mis en avant par la marque pour s’y retrouver, notamment grâce au marketing vert. Le marketing vert a été mis en place depuis quelques années par les marques qui se sont tournées vers des pratiques plus responsables et qui en ont fait un argument de vente pour attirer ces nouveaux clients demandeurs de changement.

Attention greenwashing !
Le terme greenwashing désigne l’utilisation d’arguments faisant état de bonnes pratiques écologiques, non-réelles ou minimes, dans des opérations de marketing ou de communication. Ce sont des pratiques de communication peu éthiques et sans réelles garanties qui ont pour but de valoriser l’image d’un produit ou d’une marque en la rendant plus écologique, afin de créer l’adhésion chez le consommateur.

Les points essentiels pour reconnaître une marque responsable

1. La transparence

Bien connaître la marque est indispensable pour commencer à pratiquer la mode responsable. La première chose à faire est alors de s’interroger sur la marque en question et voir les éléments qu’elle met en avant : propose-t-elle d’informer sur ses engagements ? Indique-t-elle le lieu de production des articles ? Qui les a produits ? Quelles sont les matières utilisées ? Partage-t-elle la traçabilité de ses produits ?
Une marque responsable informe ses clients de tout cela, car elle n’a rien à cacher. Elle a tout à gagner à parler de son processus de création et de production éthique. Si vous avez du mal à trouver ces informations, le doute quant à la qualité éco-responsable et humaine du produit peut se poser.

2. La production

Savoir que ses vêtements ont été produits dans de bonnes conditions et connaître les enjeux derrière ces conditions sont indispensables pour commencer à consommer de manière plus durable. On s’intéresse alors au respect du droit des travailleurs : travail sous contrat, avec une protection, pas de travail des enfants, horaires décents et au respect de l’environnement.
Pour cela, on privilégie le made in France, ou le made in rapproché, principalement l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Tunisie, pays dans lesquels les lois sur les conditions de travail se rapprochent des nôtres. Ces productions locales (ou presque) nous permettent de réduire l’empreinte carbone et d’avoir une meilleure idée des conditions de production tout en garantissant la qualité.
Pour reconnaître ces vêtements on regarde l’étiquette et on cherche le lieu de production (attention à différencier le « fabriqué en France » du « designé en France » et autres), et on cherche les labels du commerce équitable, éthiques, écologiques, biologiques et de fabrication française.

3. Les matières

Les matières jouent un rôle important dans la consommation d’une mode plus responsable. Certaines matières nécessitent l’utilisation de produits chimiques (et toxiques), dont l’impact sur la pollution des eaux n’est pas négligeable, comme le polyester, le nylon ou encore certains cuirs dit « vegan », fabriqués à partir de plastique. D’autres comme le coton, demandent une quantité d’eau importante et les produits utilisés pour sa production épuisent le sol : on le préfère alors recyclé ou biologique.

Cotton-picking near the town of Banfora, Burkina Faso (10°36'N - 4°47'W) copyright Yann Arthus-Bertrand
Cotton-picking near the town of Banfora, Burkina Faso (10°36'N - 4°47'W).

Quelles sont donc les matières à privilégier ?

  • Celles dont la production est labellisée : le lyocell et le modal, fabriqués à partir de bois, dont certains labels (PEFC et FSC) garantissent la production durable, ou la laine et le cachemire, pour lesquels ils existent aussi des labels afin de s’assurer de la non-maltraitance de l’animal (labels RWS).
  • Le lin est l’une des solutions à adopter à long terme : le lin est une plante qui pousse très bien en France (75% de sa production mondiale est française), sa culture nécessite 5 fois moins d’engrais et de pesticides que celle du coton et n’a besoin que de très peu d’eau. Son seul souci aujourd’hui reste le tissage, qui s’effectue principalement en Chine et nécessite beaucoup de transport.
  • Le chanvre est très similaire au lin car c’est une plante qui ne demande que très peu d’eau (7 fois moins demandeuses en eau que le coton) et n’a pas besoin de traitement chimique, étant très résistante. Il ne reste néanmoins que peu démocratisé et la production d’un vêtement en 100% chanvre reste très rare car c’est une matière difficile à manipuler.
  • Le cuir végétal, créé à partir de différentes bases comme le cuir de liège, de vigne, d’ananas, d’eucalyptus, de champignon etc.
    Chaque option est évidemment plus ou moins onéreuse, les matières synthétiques dérivées du pétrole beaucoup moins chères que celles produites à partir de fibres naturelles, biologiques.

A quels labels se fier?

  • GOTS (Global Organic Textile Standard) : origine biologique des textiles certifiée entre 70% et 95%, garantie que toute la chaîne de production est respectueuse de l’environnement et de l’humain, et respect des critères sociaux fixés par l’OIT.
  • OEKO-TEX 100 : garantit la production des textiles sans produits toxiques pour le corps et l’environnement.
  • BIORE : garantit la production biologique des matières premières (principalement le coton), la traçabilité des matières premières et garantie de la juste rémunération de tous les acteurs.
  • Peta Approved Vegan : garantit l’absence de produits d’origine animale et que les tests ne sont pas faits sur les animaux.

Les avantages de la fast fashion sans ses défauts : la seconde main

Tout cela peut paraître bien compliqué à mettre en place sans se sentir privé, alors le meilleur compromis, c’est de faire sa garde-robe à partir de vêtements déjà en circulation, afin de réduire la quantité de vêtements neufs achetés (et donc produits) et de profiter de vêtements qui ne sont plus utilisés mais encore en très bon état.
Les achats de vêtements de seconde main attirent de plus en plus de consommateurs ces dernières années : friperies, brocantes, applications de revente etc., selon l’IFM, en 2019 39 % des français ont acheté un article de seconde main, contre 15 % en 2009.

Alors, pourquoi la seconde main attire de plus en plus ?

  • On fait des économies : les vêtements étant pour la plupart déjà portés, on peut les retrouver à des prix imbattables ! On retrouve même des vêtements issus des toutes dernières collections, revendus à cause d’un problème de taille, d’un petit défaut de conception ou simplement par changement d’avis.
  • C’est meilleur pour l’environnement : les vêtements ayant déjà été produits, leur donner une seconde vie paraît être la meilleure solution pour se faire plaisir tout en évitant les conséquences néfastes de la production d’un article.
  • Le vintage est à la mode : le plus positif dans l’achat de seconde main c’est de posséder un article presque unique, produit il y a peut-être 10 ans, 20 ans ou plus ! Les nouvelles collections s’inspirent des anciennes modes et se ressemblent donc beaucoup, acheter de seconde main c’est être en avance sur la mode que produiront demain les grandes enseignes.

Où se procurer des vêtements de seconde main ?

La dernière étape c’est d’acheter ! On se rend donc en friperie, on fait les brocantes, on fouille dans les cartons de vêtements de nos parents et grands-parents, à la recherche de perles rares. Pour acheter depuis chez soi, on se tourne vers les applis de revente (Vinted, Le Bon Coin, Ethic2hand etc.), les sites de fripes dédiés (Beyond Retro, Look Vintage, Label Emmaüs, etc.) ou encore les réseaux sociaux !

Pour aller plus loin