Le changement climatique transforme drastiquement les activités de tourisme et de loisirs en montagne. Confrontés au défi de réinventer leurs activités en intégrant la problématique écologique, les adhérents du réseau Isère Drôme Destination Juniors (IDDJ) ont fait appel à l’expertise de la Fondation GoodPlanet pour amorcer une transition conciliant poursuite des activités de découverte de la montagne et son respect. Nous vous racontons le déroulement de ce projet qui a duré une année.
« Par rapport aux années précédentes, on a un temps différent, on sent que ça s’est réchauffé, on a beaucoup moins de neige » confie Sekou Sissoko, directeur de séjour.
Ces dernières années ont mis en évidence des effets du changement climatique de plus en plus visibles, particulièrement dans ces régions vulnérables de moyenne montagne. Les exemples de fermeture de stations ou de raccourcissement de la saison de sports d’hiver par manque d’enneigement sont de plus en plus fréquents.
Pour ces professionnels du tourisme, dépendants de ces activités hivernales, il est nécessaire dès aujourd’hui de s’adapter au changement climatique pour continuer à faire découvrir la montagne à tout le monde -y compris aux plus jeunes.
Avec la volonté d’être initiateur et moteur de la transition écologique dans le milieu touristique en Isère et Drôme, le réseau IDDJ nous a sollicité, avec pour questions : comment accompagner nos adhérents pour prendre conscience des enjeux, identifier des pistes d’actions et sensibiliser les publics qu’ils côtoient ?
Le réseau Isère Drôme Destination Juniors regroupe 70 acteurs de séjours éducatifs sur les 2 départements : centres de vacances, organisateurs de séjours, prestataires d’activités côtoyant des publics enfants et adultes hiver comme été.
La première étape : prendre conscience

Prendre conscience de l’impact environnemental de sa structure, c’est d’abord comprendre les enjeux du changement climatique, ses causes et ses conséquences. Puis, il est nécessaire de faire un diagnostic pour identifier ses plus gros postes d’émissions de gaz à effet de serre et de consommations en eau ainsi que ses marges de progrès.
L’enjeu était d’accompagner en prenant en compte les problématiques de petites structures disposant de moyens humains et financiers limités et de grandes variations d’activités selon les saisons.
Nous avons ainsi développé une calculatrice simple et adaptée à l’activité des adhérents IDDJ, permettant d’avoir un premier ordre de grandeur des émissions de gaz à effet de serre et de visualiser les principaux postes d’émissions.
Cette calculette a été présentée aux différentes structures volontaires lors d’une journée de rencontres mêlant sensibilisation, avec la fresque du climat, et moment d’échanges. Ce moment de partage a mis en évidence les freins, tel que le manque de moyen financier, le turn-over des animateurs et animatrices, la diversité des publics mais également les bonnes pratiques.
Au terme de ces journées, c’est 9 structures qui se sont prêtées au jeu de la quantification de leurs impacts pendant 3 mois.
La deuxième étape : imaginer des solutions

Pour l’ensemble des structures participantes, les résultats reflètent les 3 postes d’émissions prioritaires :
- Le déplacement des vacanciers de leur domicile vers le centre, en particulier les derniers kilomètres qui se réalisent souvent en transport routier.
- La restauration
- Les consommations d’énergie.
Après cette première estimation, nous avons retrouvé les structures participantes lors d’une journée dans le centre Musiflore dans la Drôme. Au programme de cette journée, les structures ont pu partager et analyser leurs résultats et échanger ensemble pour identifier des pistes d’actions communes ou individuelles et partager leurs bonnes pratiques.
« Notre clientèle ce sont les enfants, si on arrive à faire passer le message des enjeux liés à l’activité quotidienne à ces enfants ils sauront porter ce message et être eux-mêmes des ambassadeurs d’une vie plus sobre et plus respectueuse de l’environnement » Damien Fossa, co-président d’IDDJ et directeur de Eterpa,
Avec des milliers de vacanciers accueillis chaque année, principalement des enfants et adolescents, ces structures jouent également un fort rôle de sensibilisation. Sarah Germain, responsable de la sensibilisation à la Fondation GoodPlanet, a partagé des techniques d’ingénierie pédagogique et des outils customisables à leur lieu d’accueil, telle que la chasse au trésor, pour faire découvrir les impacts environnementaux et les écogestes lors de leur séjour.
La troisième étape : la mise en action
« Le fait d’avoir fait la démarche de manière collective, ça amène de l’échange de pratique, c’est très riche » Elisabeth Antonello, secrétaire générale IDDJ, directrice de La ruche à giter.
Mesurer pour agir : c’est l’objectif principal de notre accompagnement. Ce diagnostic a permis au réseau IDDJ d’identifier les pistes de progrès mais aussi de réfléchir à la mutualisation des actions pour essaimer. A la suite de cette première phase, la calculette a été retravaillée pour coller encore plus aux besoins des adhérents et pour diffuser son utilisation auprès d’autres membres du réseau.
La restauration ayant été identifiée comme un axe de travail prioritaire, le réseau a travaillé avec une structure locale pour développer une formation restauration durable pour les chefs des centres de vacances. C’est une étape essentielle pour la conduite du changement au niveau de l’alimentation !
Enfin, mettre en place des actions c’est aussi permettre de faire perdurer les centres en s’adaptant aux enjeux du changement climatique mais également en réduisant les coûts d’exploitation liées aux consommations d’énergie ou d’eau par exemple.
Et ce travail a été récompensé par une nomination aux Trophées Horizons 2025 dans la catégorie Sensibilisation des publics et communication responsable. Une belle reconnaissance pour ces structures engagées et motrices dans la transition écologique.
Finalement, ce travail a permis aux centres de prendre du recul sur leur activité, et de mettre en évidence leur vulnérabilité face aux changements climatiques. Un outil stratégique pour pérenniser l’activité et s’adapter !
Que sont-ils devenus
Un an après, nous avons demandé à Robin Baladi, coordinateur du réseau Isère Drôme Destination Juniors, ce que cet accompagnement leur avait apporté avec du recul, quels étaient leurs futurs projets et les difficultés rencontrées pour avancer sur ce projet.
R.B :
« L’accompagnement de GoodPlanet a été un moment extrêmement vivant pour notre projet. Durant toute la période, il a permis d’engager une belle dynamique collective avec nos adhérents. Les échanges, la méthodologie et le support ont donné un élan et une structuration solide à la démarche qui a été apprécié de tous. Aujourd’hui, l’outil de mesure d’impact et les ressources livrés lors de cet accompagnement sont à la disposition de nos centres. Cependant, avec le recul, nous pensons qu’ils sont trop peu utilisés. Ce constat s’explique par la nature même de ce type de projet : il nécessite un accompagnement au long cours pour garantir la pérennité et la bonne appropriation des méthodes sur le terrain. L’impulsion initiale est essentielle, mais l’ancrage durable dans les pratiques demande un suivi régulier et une animation continue.
Nous restons néanmoins très satisfaits de cette collaboration qui a marqué une étape clé dans notre évolution. »
Pour mener votre projet sur mesure : contacter entreprise@goodplanet.org